La ville… Des formes, du vide aussi, beaucoup de fer. 

 

Qu’on la regarde seulement, un instant, et elle perd alors sa nature fonctionnelle. S’affranchir. Renaître. Loin du réel, des signifiés et des codes. Inutile, elle signifie enfin, elle devient esthétique : immense sculpture aux mille sculptures. Sensuelle. Indifférente. Immobiles, et pourtant vibrants, tressaillants, ils portent leur poids de poésie : ces formes, ces angles, ces espaces urbains, infimes certains, se délivrent dans le noir, seuls, sales, solides dans la nuit. Sans spectateurs, sans fin; artistiques pourtant, pour eux-mêmes, très fort.

 

L’errance et la folie permettent de percevoir, d'arracher ces formes au prosaïsme de la fonctionnalité. Puisse-t-on les regarder et non seulement les voir. Car le gris devient couleur quand il défie le blanc. L’objet usuel se fait sculpture abstraite quand il n’est vu que pour ses courbes. Une rampe, des traces de ciment, des tubes, beaucoup d’acier : une vie en somme.Que les courbes pénètrent le vide, que la saleté vienne défier le blanc. Que les couleurs s’émancipent.  La rouille n’est plus sale, elle est nuance de roux : un automne pétrifié. Équilibre, rigueur, mais toujours tension. La forme est légère ou dramatique, cela dépend des âmes, cela dépend du temps.

 

Regarder pour vivre, seul, sage, dans le délice de la marginalité. La forme est abstraite, partout.

 

 

 




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