La profondeur est une faiblesse davantage qu'une qualité. C'est une lacune, une carence dont on se passerait volontiers, malgré qu'elle engendre, ça et là, de furtifs moments de fulgurance. L'espace d'un morceau de musique , en ressentir les notes au plus profond de soi ; le long d'un poème, se laisser happer par l'essence des mots ; le temps d'une danse, se sentir envoûté par les pas.

Naître creux permet de recueillir en son sein les eaux de la marée. Le corps exulte alors, plein, fier, tressaillant. Mais toutes les eaux ne sont pas bonnes à prendre. Le plus souvent elles sont sales, noires, infectées, et mieux vaut ne pas boire que s'abreuver d'eau salée. La profondeur est un gouffre sans fond qui, de bien ou de mal, ne peut être comblé. Je suis une bouche béante, et je bois sans arrêter.