La vie est un jeu dans lequel j’évolue sans en connaître les règles. Ni rôle ni objectif ne m’ont été donnés. Il faut jouer, paraît-il, pour savoir à quoi l’on joue. Mais la partie s’éternise et les dés que je lance demeurent encore et toujours vierges. Aucun symbole ne recouvre leur face, alors que je les jette sans cesse. J’avance à tâtons, sautant d’une case à l’autre sur un échiquier vide. Ni roi, ni dame. Seuls quelques fous qui, comme moi, hagards, passent du blanc au noir. Mon petit pion s’épuise, ne sachant où aller. Alors il tourne et tourne, prisonnier du damier. Peut-être un jour en verrai-je les contours, et je pourrai enfin tomber. Si j’ai commencé la partie, je dois sans doute pouvoir la terminer. Et qu’importe si je perds, il n’y a rien à gagner.